21 août 2020, catastrophe piscicole à Éprave.

21 août 2020.
Jour noir pour une frayère exceptionnelle à Éprave.
( commune de Rochefort).

Un désastre écologique, une atteinte intolérable à un milieu piscicole d’exception, un gâchis honteux.
Le résultat d’une inconscience totalement insensée ?

Jeudi 20 août 2020, dans la soirée, quelques appels de riverains du bief du Moulin d’Éprave parviennent à Mr Demotte, par ailleurs garde-champêtre particulier agréé pour le territoire de pêche de l’Asbl CRAPLL sur la Lomme.
Les riverains sont surpris de voir le débit d’eau du bief (*) du moulin descendre de façon subite et anormale. Ils constatent la présence de truites en souffrance. Le propriétaire du moulin, en compagnie de ses enfants, a tenté de sauver quelques truites en détresse. Vu la nuit, Mr Demotte ne peut d’avantage momentané.
Dès aube, le vendredi 21 août, le garde alerte le président fédéral et lui fait part de son constat:
L’entièreté du bief est à sec. De très nombreux poissons sont morts pendant la nuit, ils gisent à mêmes les substrats mis à sec, où encore dans quelques flaques d’eau résiduelle.
Le garde soupçonne très vite un problème à l’adduction d’eau dans le bief au départ du barrage sur la Lomme à Éprave.  Effectivement, la cause en est bien là! Il constate que des travaux hydrauliques sont en cours à cet endroit et, plus particulièrement un « bâtard d’eau » a été érigé dans le bief juste en aval de la prise d’eau. Le flux d’eau d’alimentation est interrompu.
Le président fédéral lance l’alerte près du Service de la Pêche. Le Chef de Service, Mr Frédéric Dumonceau, lui demande de prévenir Mr Daniel Waltzing par défaut de disponibilité du titulaire de triage, Mr Clément Rebuffat. Mr Waltzing parvient sur les lieux au plus tôt. Il effectue l’inspection du bief en compagnie de Mr Demotte.  Parvenus à la tête du bief, Mr Waltzing interpelle un responsable de la Direction des cours d’eaux non navigables de Wallonie, commettant des travaux, présent sur place. Mr Waltzing intime l’ordre de rétablir sur le champ le flux d’eau vers le bief. L’espoir est de sauver encore quelques poissons pris au piège dans quelques vasques. Trop tard pour une multitude d’autres sujets:
Mr Waltzing et Mr Demotte peuvent constater que la mortalité piscicole est quasi totale sur le bief à sec, soit sur un linéaire d’approximativement de 800 mètres. Des milliers de poissons- chabots, lamproies de Planer, vairons, cyprins d’eaux vives, truitelles et truites de toutes classes d’âges sont trouvés morts. Quelques très gros et fabuleux géniteurs farios n’ont pas survécu, coincés sans oxygène dans une ridicule poche d’eau subsistante au pied du barrage dérivatif de régulation des roues du moulin. Le président fédéral arrivé sur place ne peut que se joindre à leurs dégoûts face à ce saccage gratuit et intolérable. Leurs amertumes sont profondes, l’incohérence qui a conduit à ce désastre est incompréhensible, ils ne peuvent que constater et pleurer!
Le spectacle est affligeant! De nombreux badauds témoins et les riverains partagent la tristesse ressentie en communion.
De très nombreuses années seront nécessaires à rétablir une osmose biologique et piscicole à ce sanctuaire.
Les constats légaux et l’enquête établiront les circonstances précises pour tracer les responsabilités. Mr Rebuffat conduit l’enquête avec les objets établis par son collègue Mr Waltzing.
Mr Demotte a été auditionné ce 21 août.
Mme Taziaux, titulaire du triage DNF du Cantonnement de Rochefort a été témoin alertée par Mr Demotte.

(*) Le bief a été de tout temps remarquable pour ses qualités environnementales et piscicoles. Un joyau local, un poumon écologique jusque là préservé, une frayère exceptionnelle pour de très nombreuses espèces piscicoles, un milieu humide de très haute valeur. Ces caractéristiques avaient dicté le classement en réserve de pêche officielle d’un tronçon sous la houlette du Service de la Pêche ( Agent des forêts – titulaire du triage piscicole de Dinant à l’époque, Mr J-B Leurquin).
Depuis les années 70, le bief a toujours été objets de bienveillances de la part des volontaires de l’Asbl CRAPLL.  Il a servi notamment à réaliser une écloserie jadis dans l’ancienne brasserie jouxtant le moulin. Station par excellence pour des alevinages patrimoniaux, des boîtes Vibert implantées annuellement ont été utilisées pendant les années 80 et 90. Plus récemment, l’Asbl, avec les autorisations nécessaires et légales ( dont celle de la DCENN-sic), avait équipé le barrage régulateur et de dérivation au moulin d’une échelle à poissons.
Plus récemment encore, en collaboration étroite avec le CoSMos , Mr Demotte gérait une station d’incubateurs dit  » à substrats ». De nombreux alevins de saumons atlantiques sont sortis de cette station laboratoire installée sur un petit canal de dérivation du bief du moulin. Cette station présentait, d’aveu de Mr Yvan Neus, des caractéristiques très intéressantes pour organiser ces expériences en milieux ouverts en appui des installations d’Errezée et pour repeupler la Lesse.
Le bief est-était-la « pouponnière nourricière » de la Lomme à Éprave, mais aussi de la basse Lesse étant la proximité de la confluence des deux rivières.

Illustrations ci-dessous:
Photos réalisées par Mr Manu Demotte sur le terrain.
Elles permettront de visualiser une infime partie des dégâts et de présumer du contexte. Ces photos sont proposées en diaporama automatique.
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